20 juin 2011

Se protéger de soi-même


Tout va bien. Un événement positif vient de se présenter dans notre vie, un gain ou un succès, par exemple. Inutile de dire que nous nous en attribuons tout de suite le mérite. Rien de plus naturel, en fait. Parfois verrons-nous peut-être un élément de chance, mais la chance c’est nous-mêmes qui la créons, comme dit l’adage.

Imaginons le contraire. Une perte, une difficulté, un insuccès, un déboire quelconque nous arrivent. Dans ce cas, le naturel qui revient toujours au galop décrète qu’il faut en chercher la cause ailleurs, donc chez les « autres » pour commencer, ensuite le gouvernement, puis les éléments et les circonstances et le hasard et j’en passe.

Si ça va mal, c’est pas de notre faute.

Notre orgueil nous en défend. Comment pouvons-nous être responsables de notre propre malheur? Victimes? Oui, ça c’est acceptable.

C’est pourquoi nous avons besoin d’une protection à toute épreuve, d’un bon père, de la chaleur rassurante d’un groupe organisé qui nous prennent en main jusqu’à ce que nous sentions hors de tout doute que nous sommes pleinement en sécurité. Dans nos prières, si prière il y a, nous exhortons un dieu lointain à prendre en charge notre destin, à nous protéger des coups du sort, nous et les nôtres aussi, et que le malheur s’abatte partout pourvu qu’il ne nous atteigne pas.

« C’est l’enchaîné lui-même qui coopère de la manière la plus efficace à parfaire son état d’enchaîné », nous mentionne Platon. L’obsession de la sécurité ne serait-elle pas devenue un boulet nous privant de toute liberté de mouvement et de changement?

Il n’y a pas plus inflexible que soi-même, il n’y a pas plus tendu, hérissé, j’oserais même dire dangereux que soi-même : celui qu’il devient nécessaire de surveiller et de traquer…

Alors, lorsque le temps s’y prêtera, durant ces moments où l’abandon deviendra le seul état plausible après maints périples et essais infructueux, dans ces moments ultimes comblés par le silence et où la solitude s’attachera au moindre espace qui vous est imparti, si l’aventure vous intéresse encore et que le courage demeure une vertu qui vous attire, vous pourrez alors murmurer à qui veut bien l’entendre : « Aide-moi à me protéger de moi-même! »


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