30 novembre 2011

Les mots (4)

Banc :
Le banc est la retraite des pauvres, la demeure secrète et le royaume des insoumis. Lorsque la terre tremble, c’est une assise pour notre désarroi. Le banc existe pour que l’homme exerce son talent de veilleur et amorce sa lente remontée à la surface du monde.

Forêt :
Là où rien ne bouge, là où tout vibre. Là où le silence permet de concevoir des bonheurs et des emportements dans l’écorce du réel. Marcher dans la forêt conduit aux portes du détachement et de la simplicité.

Main :
Condense en un point l’énergie de l’homme. Mieux vaut la tenir ouverte et que son doigté s’exerce. Elle manipule, caresse, soigne, elle est si indispensable, si précieuse et nous l’oublions quand même. Pourtant, elle est juste à portée de main…  

Pluie :
Je veux me pleuvoir et traverser le ciel jusqu’à féconder la terre.

Cerise :
Petit fruit joyeux dans nos bouches souriantes. Sur le gâteau de mon enfance, elle se voulait sauvage et m’accompagnait chaque fois aux abords des sentiers de mes jeux fous. Elle explosait d’orgueil sur tous les sundaes de mes étés.

Vélo :
Extension de soi avec des roues. Il déclenche la permission de nous griser de vitesse sans effort. Il se greffe et se colle si bien au corps que nous finissons par l’oublier, au point même qu’il nous transporte ailleurs inconsciemment. Le vélo fait renaître le ti-cul que nous sommes, si nous l’avons négligé. 

29 novembre 2011

Sans titre


Je reluque les titres d’ouvrages que je retrouve parfois au terme d’un livre dont la lecture m’a plu. Même si je suis curieux de tout, je n’ai pas le temps de tout lire, ça va de soi. Je me contente donc des titres et j’essaie d’imaginer la suite. Je me demande alors ce qu’ils ont à raconter et pourquoi ils méritent d’être publiés.

Que cachent tous ces titres de livres? Que viendraient-ils me révéler? Je ne le saurai probablement jamais. Je présume seulement une inconcevable diversité qui illustre l’extraordinaire paysage imaginaire de l’être humain ainsi que l’abondance des expériences relatées.

Le roman raconte l’existence. C’est sa raison d’être. Je pense à Milan Kundera qui écrit ceci dans L’Art du roman : « L’homme se trouve dans un vrai tourbillon de la réduction où le monde de la vie s’obscurcit fatalement et où l’être tombe dans l’oubli. Or si la raison d’être du roman est de tenir le monde de la vie sous un éclairage perpétuel et de nous protéger contre l’oubli de l’être, l’existence du roman n’est-elle pas aujourd’hui plus nécessaire que jamais? »

Je suis pour cette diversité qui rend compte du monde de la vie. C’est le propre du roman et le roman commence par un titre. J’attends de ce titre qu’il me fasse fantasmer, à tout le moins, sans même avoir lu le livre. Les titres augurent ainsi d'univers de possibilités, de rêves et de folies.

Des exemples?

J’ai noté ceux-ci pour leur image et leur force d’évocation : « L’homme-jasmin », « L’hameçon d’or », « L’opéra flottant » ou encore « La mer couleur de vin », « Le sanatorium au croque-mort », « La tempête et l’écho », « Un, personne et cent mille ». J’ai aussi essayé de voir où me mènerait de tels titres : « La feuille repliée », « Voyage de l’autre côté » et « Le dieu scorpion ».

Je me suis amusé moi-même à inventer des titres comme « Un sombre héros » (imaginez un mexicain affalé sous un soleil de plomb), « Saint-Immobile » (dans mon rêve, il y avait cette personne qui pouvait se statufier pendant des heures et même des jours. On en a fait un saint…)

Le tour de force serait d’écrire un roman dont le sujet pourrait être ce personnage constamment à la recherche de titres pour tous les romans qu’il n’écrira jamais. Je m’y attèle, mais il faut d’abord que je trouve un titre...


27 novembre 2011

Règles de sagesse Soufi


Tirées du livre d’Elif Shafak: Soufi, mon amour.

 « Si tu veux renforcer ta foi, il te faudra adoucir ton cœur. À cause d‘une maladie, d’un accident, d’une perte ou d’une frayeur, d’une manière ou d’une autre, nous sommes tous confrontés à des incidents qui nous apprennent à devenir moins égoïstes, à moins juger les autres, à montrer plus de compassion et de générosité. Pourtant, certains apprennent la leçon, et réussissent à être plus doux, alors que d’autres deviennent plus durs encore. Le seul moyen d’approcher la Vérité est d’ouvrir son cœur afin qu’il englobe toute l’humanité et qu’il reste encore de la place pour plus d’amour. »

« Rien ne devrait se dresser entre toi et Dieu. Ni iman, ni prêtre, ni maître spirituel, pas même ta foi. Crois en tes valeurs et tes règles, mais ne les impose jamais à d’autres. Sois ferme dans ta foi, mais garde ton cœur aussi doux qu’une plume. Apprends la Vérité, mon ami, mais ne transforme pas tes vérités en fétiches.»

« Tandis que chacun, en ce monde, lutte pour arriver quelque part et devenir quelqu’un, alors que tout cela restera derrière eux quand ils mourront, toi, tu vises l’étape ultime de la vacuité. Vis cette vie comme si elle était aussi légère et vide que le chiffre zéro. Nous ne sommes pas différents de pots : ce ne sont pas les décorations au-dehors, mais la vie à l’intérieur qui nous fait tenir droits.»

« La soumission ne signifie pas qu’on est faible ou passif. Elle ne conduit ni au fatalisme ni à la capitulation. À l’inverse, le vrai pouvoir réside dans la soumission – un pouvoir qui vient de l’intérieur. Ceux qui se soumettent à l’essence divine de la vie vivront sans que leur tranquillité ou leur paix intérieure soit perturbée, même quand le vaste monde va de turbulences en turbulences.»


25 novembre 2011

"Testament"


Un très beau texte sur la mort de Josée Blanchette dans le Devoir du 25 novembre 2011. Elle termine avec ces mots, comme du bonbon fort :

« J'ai appris deux leçons de la vie : il faut tout dire à au moins une personne. Puis il faut se taire pour s'entendre avec soi-même. »

                                                                     Joblog (Sous la surface)

24 novembre 2011

Générer la générosité


C’est comme le retour des oies blanches à la même période chaque année. Dans mon courrier apparaît une envolée de lettres venant me quémander ces quelques dollars pour une cause toujours juste. L’expéditeur a raison, comment rester insensible face au cancer, aux sourds, aux aveugles et à tous ces Petits Frères des pauvres?

Comprenez bien. Je ne suis pas contre le fait de quémander et d’offrir des dons en argent. C’est d’en faire un système, une organisation, quasiment une industrie avec ses affaires courantes qui me rend mal à l’aise. On est loin du geste spontané et de cet élan du cœur qui génère le véritable don.

La générosité est une vertu. À ne pas confondre avec la planification d’entreprises dont le but est de faire naître des gestes que l’on nomme de solidarité dans l’intérêt de certains groupes de personnes que l’on dit défavorisées, mal en point ou incapables d’autonomie. C’est une idée qui nous est « vendue » afin que nous l’achetions… avec de l’argent.

Il y a commerce.

Je préfère le don de sa propre personne, de son temps, de sa créativité, de sa bonne humeur, de sa nourriture. Je préfère, si c’est de l’argent, le donner directement à la personne devant moi. J’en connais qui vont donner un petit concert de musique devant un auditoire d’individus en phase terminale.

La générosité, le véritable don n’impliquent pas de reçu aux fins d’impôt et ne sont pas requis comme par hasard qu'en une certaine période de l’année seulement. La générosité est une vertu individuelle d’abord et avant tout. Elle s’exécute bien humblement dans l’espoir d’apporter un peu de bien-être ou peut-être un baume à l’autre devant soi.

C’est déjà beaucoup.

22 novembre 2011

Une chorale d'oiseaux


Ils surgissent à tout coup en bande, une dizaine environ à la fois. Je les rencontre lors de mes déambulations à travers les rues ou les parcs, à l’épicerie. Leur démarche est caractéristique, plutôt gauche et désarticulée comme si des fils invisibles les soutenaient. Ce ne sont pas des pantins. Cette bande qui avance lentement et entourée d’accompagnateurs, chaque fois elle me fait sourire, chaque fois une sorte de tendresse surgit en moi et vient les étreindre.

Ils sont adolescents ou jeunes adultes pour la plupart, mais dans leurs yeux et leurs baragouins il est facile de déceler la couleur de la petite enfance. Lorsque je les croise, un des leurs m’envoie la main, un autre peut me lancer un gros allo bien sonore. L’autre jour à l’épicerie quelques-uns me suivaient en ligne près du comptoir de paiement. Dans leurs mains chacun tenait un item, un trésor unique à apporter comme nourriture. Je les ai observés attentivement. J’ai vu de jeunes êtres humains dans toute leur innocence et leur vulnérabilité. Mais encore une fois, je n’ai pu m’empêcher de sourire à leur étrange beauté. Ils me fascinent.

Cette existence d’être humain handicapé, cette existence saugrenue, irréelle, désavantagée, que vient-elle me dire? Je l’observe et me tais. Ces êtres humains existent parce qu’ils existent, il n’y a pas de pourquoi. « La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit », nous dit Angelus Silesius.

Tout de même.

J’essaie de pénétrer ce mystère et n’y arrive pas. Que reste-t-il dans un être humain quand l’intelligence n’y est pas, ou si peu? Comment voit-il son entourage? Les émotions sont-elles amplifiées? À quoi rêve-t-il la nuit?

Je peux imaginer la folie et la détresse profonde de la dépression. Je peux comprendre un handicap physique grave, être aveugle, sourd, paraplégique et j’en passe. Mais un individu est-il dépourvu si grandement de possibilités lorsqu’il conserve toute sa vie l’intelligence d’un enfant? Qu’apprend-il? Peut-il tout de même se réaliser? Est-ce que cette dernière question est absurde? Impossible d’être taxé d’anthropomorphisme ici, je parle d’un autre être humain.

J’aime ma petite bande. C’est ma chorale d’oiseaux. Voilà.

  

21 novembre 2011

Se laisser dépasser


"L’ultime démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la dépassent."
Pascal

17 novembre 2011

Les mots (3)

Livre :
S’arrêter. Évacuer ses propres pensées. Se jouer du temps. Sauter dans l’imaginaire. Cesser de faire et de s’en faire. Devenir un autre. Réaliser l’impossible. Connaître. S’émouvoir. Des trésors, que des trésors cachés auprès des livres!

Thé :
Ah le thé, l’hiver! Odeur et chaleur à portée des doigts. Douceur à marier en tout temps, en fait. Celui que je préfère n’a jamais perdu de sa verdeur. Il se conjugue avec l’orient lointain, se sert lentement, se déguste lentement. Il est l’apogée du plaisir serein.

Table :
Nourricière de par son essence. Laissée à elle-même, seule dans son coin, elle devient encombrante. Habillez-la, garnissez-la, elle exulte et magnétise. C’est autour d’une table que très souvent la conversation s’épanouit.

Sentier :
Tout sauf droit, ennuyant, banal et sans surprises. Il camoufle des parfums discrets, longe le foisonnement, l’inconnu, le danger. Même s’il est battu, il n’en recèle pas moins des splendeurs cachées quand nous le foulons pour la première fois. Si humble soit-il, il conduit inévitablement au bonheur.

Lune :
Celle qui effleure notre conscience. Si changeante, si en amitié avec les étoiles, si lumineuse parfois. Féminine? Pourquoi donc? Parce qu’elle s’efface devant le soleil? La lune est reine sur le grand jeu d’échecs de l’existence. Elle bouge si bien…

Vieillard :
Début de la fin. Mais début quand même! Non pas rebut. On ne rejette pas, on ne renie pas toute une vie d’être humain; c’est précieux une vie entière qui s’achève, ça rayonne! Un vieillard n’a plus rien à prouver, c’est pourquoi il donne tant.

Musique :
Impensable, étonnante. Liée, comme le temps, comme l’amour, comme la lumière, au mystère du réel. Rythme de la vie. Don du ciel. Si un dieu existe, il ne peut être que musique.        

16 novembre 2011

Les chemins de terre


Souvent, la nuit, me voyant dans l’impossibilité de m’endormir et de glisser dans le rêve, je m’attarde à écrire dans un cahier imaginaire des bouts d’histoires ou des pensées qui surgissent spontanément et avec aisance, car ma raison s’est retirée dans ses appartements. Les mots défilent avec lenteur et précision. Ils me révèlent cette idée (ou croyance?) qu’il serait plus facile d’explorer tous les continents de la terre que de s’abandonner à voguer seulement quelques instants sur notre mer intérieure. Mais est-ce vrai?
 
Puis les mots repartent dans un autre sens, dans la description d’un chemin de terre qui me conduit à travers champ, qui longe un muret de vieilles pierres et s’élance bientôt dans une vaste pinède ombragée, se terminant à l’orée d’un lac en bordure duquel paresse un refuge de bois ronds, des volets bleus de chaque coté de ses fenêtres et sa minuscule dépendance où viennent se reposer seulement ces voyageurs chevronnés, ceux qui ont délaissé les autoroutes surchargées, l’agitation et cette masse qui se sent rassuré par une vie trépidante, une « euphorie perpétuelle », mais au contraire paniquée à l’idée d’explorer des voies perdues et sinueuses qui nous entraînent vers ces endroits où trônent des refuges en bois ronds avec de jolis volets colorés et ces quelques bosquets d’arbustes qui les enserrent avec tendresse, des endroits de bénédiction, en harmonie avec cette nature sauvage qui nous réapprend à contrôler nos peurs, à dompter notre raison et surtout apprécier cette vie en majuscule foisonnante et changeante, se fichant bien de nos velléités de contrôle absurde.

Ces mots qui me viennent dans la noirceur de ma chambre à coucher et qui m’incitent à l’écriture, me voyant les écrire plus tard comme maintenant je le fais, cette conscience d’un temps paradoxal où j’écris maintenant ce que j’ai songé à faire avant près du sommeil, me donnent le vertige.

Je ne demande rien, je n’exige que des moments de silence loin de toute agitation, et lorsqu’ils apparaissent dans la nuit près du sommeil je les saisis par le chignon du cou, je les empoigne fermement et les enjoint à me propulser dans une dimension inconnue qui se raconte et se dit en des mots d’homme sensé et sensible, éloigné de tous les clichés à la mode.


15 novembre 2011

Vieillesse

"C'est seulement quand il est âgé que l'homme peut ignorer l'opinion du troupeau, l'opinion du public et de l'avenir. Il est seul avec sa mort prochaine et la mort n'a ni yeux ni oreilles, il n'a pas besoin de lui plaire; il peut faire et dire ce qui lui plaît à lui-même de faire et de dire."

Milan Kundera

10 novembre 2011

"Terre du Milieu"


Ne reculant devant rien, nous partons en direction des montagnes qui longent notre grand fleuve. La journée s’annonce favorable, un vent calme, un soleil plein d’ardeur. Nous gagnons les Caps. Les Caps, dépassé la Côte de Beaupré, qui nous attendent bien sagement avec leur majesté qui en impose, vu leur hauteur, vu leur beauté.

Juste au début du sentier, je découvre gisant par terre un bâton de marche, parfait pour ma grandeur, solide, avec une encoche sur l’extrémité pour facilité la grippe. Comme s’il m’attendait lui aussi.

La première demi-heure, nous la grimpons à pic. Nous soufflons, nous peinons.

Pourquoi cette souffrance? Pourquoi s’échiner contre la gravité? Parce que là-haut le spectacle de l’immensité, du silence et de la beauté nous envahit et vient effacer d’un coup le portrait factice que nous avons de nous-mêmes. Un grand corbeau nous salue au passage de sa voix grasse. Tout autour de nous est grandiose.

Nous sommes petits comme des hobbits, marchant sur la Terre du Milieu et profitant pour le mieux du « temps qui nous est imparti », comme le suggère Tolkien. L’image de ces petits êtres pleins d’entrain et de courage, mais enclins aussi à la paresse, à la gourmandise, joueurs et querelleurs, n’est pas sans rappeler notre propre condition. L’auteur du "Seigneur des Anneaux" a vu juste. Dans la marche sur notre propre destin nous sommes bien minuscules et remplis de contradictions.    

Nous sommes seuls. Nous contournons bientôt la montagne qui surplombe le Cap Rouge. Plusieurs grands arbres sont couchés par terre, rendant plus difficile notre progression. Pourquoi ces efforts insensés, pourquoi ce combat permanent contre l’inertie? Le cours d’un petit ruisseau nous révèle sans doute une part de la réponse, celle d’un rendez-vous unique et précieux avec la musique et l’intelligence créatrice de la nature sauvage.
 
Nous longeons ensuite une longue paroi rocheuse et lisse à notre gauche. Je songe encore une fois aux hobbits. Je jette un regard sur cette paroi à la recherche d’une porte qui nous conduirait à l’intérieur de la montagne, un accès aux forces souterraines, à ses immensités. Et je souris à ma folie...

Juste après, un bataillon d’elfes de la forêt nous envahit de tous côtés. Ils nous précèdent en sautillant d’arbre en arbre. Petits êtres agiles et pleins de gaité, les chardonnerets des pins nous conduisent droit au paradis et chantonnent pour nous des airs d’éternité.

Mon bâton a tenu le coup. Je le garde avec moi, son pouvoir est indéniable.

Il faut voir comment il a pu me transporter des Caps jusqu’à la « Terre du Milieu. »!  

7 novembre 2011

L'attente


Je l’avoue, je n’aime pas les salles d’attente. Pas que je suis impatient, c’est plutôt l’endroit, le lieu physique même qui m’exaspère, avec en prime cette indécrottable impression de perdre mon temps qui effleure constamment mon esprit. Une salle d’attente au bord de la mer, au pied d’une montagne, à travers la verdure d’un champ serait bien. Pas moins que ça, toutefois.

Ce matin, je suis au garage à fourbir mes armes pour affronter l’adversité. Ma voiture a besoin de soin, l’hiver arrive, il y a nécessité. J’ai donc prévu le coup et j’ai apporté de la lecture pour parer toutes éventualités.

À ma gauche, au-dessus des têtes, la télévision brandit ses images des émissions du matin, la météo, les sports, commentaires songés perçus en sourdine: réservoir de distraction où bien peu autour de moi s’alimente.

J’essaie de lire.

Une grande dame joliment vêtue surgit avec un panier rempli de friandises, plonge sa main dedans et emplit à ras bord un petit vase en verre de forme triangulaire situé sur une table basse au milieu de la place. Un petit bonbon pour passer le temps? L’Halloween a été fêtée il y a une semaine et le personnel apporte dans leur lieu de travail les excès de sucrerie qui n’iront pas dans la bouche de leurs enfants.

Deux femmes sont assises en face de moi. Elles font la lecture de livres épais comme ça. Trois jeunes hommes âgés de trente ans environ viennent se joindre à la troupe, sortent de leurs étuis leurs bidules, s’installent puis font aller leurs doigts sur l’écran minuscule de leurs gadgets. Voilà la différence fondamentale entre la femme et l’homme.

Je continue la lecture de mon livre. J’ai apporté La lenteur de Milan Kundera. À la page dix-huit dans l’édition folio, l’auteur cite le philosophe Épicure : « L’homme sage ne cherche aucune activité liée à la lutte. »

Je prends note. Attends quelques minutes puis me lève pour me dégourdir.

En passant devant le bureau d’accueil, je vois mon trousseau de clefs. Surprise, ma voiture est déjà prête!

Le temps passe vite lorsqu’il y a absence de lutte…  

  

3 novembre 2011

Le cône et l'or


On ne saurait mieux dire en termes poétiques l’ouverture de l’homme porté par la richesse de sa dimension intérieure.


« Le cône inversé, par son sommet ouvert,
Laisse glisser le sable minutieux.
Or graduel, il emplit en tombant
Le cristal concave qui clôt son univers. »

Jorge Luis Borges.  L'auteur et autres textes.